lundi 15 décembre 2008

Fouille archéologique de dossiers anciens

Des fois, on retombe sur des morceaux de choses qu'on avait oublier. Ou non. Les strangulations sont trop marquantes pour être oubliées ; mais les mots doux d'un ange mutilé, s'ils sont marqués à jamais dans le cœur, on en oublie parfois la teneur...
Dans le cadre d'un projet de carnet sur soi, en seconde, j'ai écrit ces deux (courts) extraits de textes. Ces deux courts bidules, qui en révèlent bien plus sur moi et ma relation avec lui que de grandes explications. Dites-vous bien que quand je les avais écrit, je ne m'étais pas encore pris en pleine face son identité.
Il y a aussi deux dessins, un dont j'ai perdu la grande résolution, l'autre que j'ai scanné il y a même pas deux jours. Ils ont tous les deux deux ans. Ils ont tous les deux étés fait en période de déprime sérieuse, comme les deux textes, quand je m'étais aussi prise en pleine figure la jolie vérité amoureuse de mon propre cœur (finalement, tout est fini, mais dieux! ... un an de relation, trois mois de déprime avant, trois après).
Bref, j'ai fait les cartons, et retrouver ça m'a fait tout bizarre. Cela faisait tellement longtemps que l'ange mutilé s'était manifesté à mes côtés... comme le père de la guerre... Actuellement, c'est bien plus apaisé. Même la Mort s'y est mise... Il faudrait que je scanne les trois dessins actuels, plus paisibles, beaucoup plus paisibles...

« -Tu t'es déjà dis que tu n'étais qu'une poussière, toi ?
-Il est difficile d'être une poussière pour un Dieu... Du moins, c'es
t ce que les autres disent. Nous sommes tous des poussières. Des petits tas bien agencés, mais de la poussière quand même.
-Les cendres même de la terre... C'est nous-même. Imaginés ou réels, nous ne sommes que de fines particules qui s'envoleront au vent mauvais des jours d'hiver... Mais elles, elles volent !
-Voler n'est pas toujours un bien. Voler peut devenir aussi douloureux que rêver ou espérer, quand on est mis à genoux.

-Pourtant, la vie ne dépose pas les armes, c'est là notre malheur, Kiearth... »



« -Je vous en supplie! Répondez-moi!

-Elle ne vous répondra pas.

Voix froide, presque dénuée de sentiments, d'une jeune femme aux yeux fermés, qui semblait ignorer la scène apocalyptique qui se déroulait autour d'elle. Elle était là ; tranquillement assise sur la banquette du bus. L'homme en face d'elle paniquait, tenant contre lui un corps froid et sans vie. Il était choqué. Ses mains tremblaient, du sang coulait le long de sa tempe, et il cherchait quelque chose pour se soigner -mais quoi? Il n'y avait ici que métal brûlant et flammes froides. Tout avançait à un train d'enfer dans ce véhicule partiellement détruit et surchauffé.

Elle, elle ne semblait pas affectée par la situation. Les jambes croisées, les mains délicatement posées sur ses genoux, l'air absent. Ses cheveux, châtains clairs, étaient simplement relevés par une pince noire, tandis que quelques mèches retombaient en tourbillon sur son visage rond et pâle, comme le reste de sa personne. Il la fixa un instant, prenant soudainement conscience de cette présence à l'attitude dérangeante.

-Vous... n'avez donc pas peur?

Filet de voix rauque, terrifié.

-Bien sûr que si, elle a peur. Nous avons tous peur, mais certains n'osent pas le montrer.

Voix douce, posée et assurée, d'un homme dont on ne distinguait ni le visage ni le corps, enveloppé par une lourde pièce de tissu noire. A ce moment précis, ce fut comme s'il y avait eu un déclic, et la jeune femme ouvrit les yeux, des yeux bleus tirant sur le gris, au regard mélancolique.

-De la poussière, nous retournons un jour à la poussière, n'est-ce pas, Kiearth? ... C'est ce qui est en train d'arriver à cet instant précis, n'est-il pas?

L'homme dégagea lentement sa tête de la lourde capuche. Cheveux d'un vert terne, retombant sur ses épaules, petit bouc, des traits fins et marqués. Ses yeux, deux améthystes, brillaient d'une certaine fatigue, exprimée par ses lèvres. Avec douceur, il posa une main sur l'épaule de la jeune femme.

-Oui, c'est ce qui nous arrive tous un jour. Parce que même les Dieux ne sont que poussière, car c'est le onde qui leur a donné vie, lui souffla-t-il. Certains sont blessés, tandis que d'autres vivent le bonheur. Par malheur...

-Le Destin a décidé de nous imposer quelque chose que nous, ou du moins moi, n'arrive pas à assumer.

-Le poids d'un fil de la destinée est parfois plus lourd que le monde, douce Alizée. Et comme je suis toi, ta voix, ton cœur, je te connais, vent léger mais pourtant si froid. Mon Alizée, tu m'as peut être aidé, mais je ne peux ici t'apporter que ton propre soutient. »


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà donc le fameux dessin, dont tu m'avais parlé mais que je n'avais encore jamais vu...

Marquant, en effet, très parlant, également... tout comme le premier texte, qui résonne énormément en moi...

Anonyme a dit…

Bon yule en passant.